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DEUXIÈME PARTIE

D’ailleurs, ma mère viendra me chercher. Je vais lui écrire. C’est encore auprès d’elle que je serai le mieux. Philippe, s’apercevant qu’Axel devenait irritable, lui serra la main :

— Repose-toi ! Je passerai demain prendre de tes nouvelles.

— Comme tu voudras… Merci de ta visite !

Philippe retourna, chez lui, péniblement impressionné par la déchéance de cet homme, qu’il avait connu si brillant, si vain dans le bonheur, et dont il avait envié les succès et la femme.

Le soir, à table, où il avait retenu Yvonne et Frédéric, Philippe leur fit part de la misérable situation d’Axel.

— C’est sa faute, s’écria Yvonne.

— Mon Dieu !… dit le peintre, je n’en sais trop rien.

— Oh ! toi !… on connaît ton indulgence.

— Tu préfères la haine ?

— Parfois, c’est plus courageux.

— Que voulez-vous ! dit Philippe, il aimait sa femme…

— Raison de plus ! Il aurait dû lui dire : ma petite, occupe-toi de ton ménage et vivement.

— Oh !… elle n’est pas de ces femmes à retenir dans un ménage.

— Et pourquoi ?

— Elle est trop jolie.

— Vous êtes admirable, Philippe !… Est-ce que Marthe n’est pas jolie ? Est-ce que je ne l’ai pas été ?…