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Page:Torcy (Blieck) - L'exode, 1919.djvu/134

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TROISIÈME PARTIE

— Et vous, Philippe ? demanda M. Grassoux.

— Je vais à Ypres.

— À Ypres ? Et pour quoi faire ?

— Dame !… Il faut bien que je trouve de l’argent.

Aussitôt, M. Grassoux parut intéressé par le soleil du soir. Il montra, du bout de son cigare, le disque de feu qui se noyait dans la mer :

— Beau ciel ! fit-il, d’un air connaisseur.

Puis il se souvint « d’une affaire importante » et quitta brusquement ses amis, sur la promesse de les revoir le lendemain.

Quelques jours après, M. Forestier reçut de M. Grassoux une lettre charmante. Il s’excusait de son départ précipité, des embarras de la dernière heure, qui l’avaient retenu de la visite promise. Il ne comptait pas se fixer à Folkestone, où déjà beaucoup de Belges s’étaient réfugiés : « Nous vous enverrons notre adresse, dès que nous serons installés définitivement ».

Philippe comprit que les Grassoux le fuyaient autant que la guerre, et qu’ils prendraient soin de ne pas lui remettre son argent.

Il écrivit alors à son ami le Dr Claveaux, espérant négocier par son entremise quelques actions de Rente belge, qui formaient la meilleure part de son modeste viatique. En retour du service qu’il demandait, Philippe offrit au médecin de l’aider dans sa clinique, le Dr Claveaux s’étant plaint d’y succomber à l’ouvrage.

« Mon cher », écrivit-il à Héloir « des blessés m’arrivent tous les jours, depuis que nos troupes cyclistes