Il entra. On l’entendit parler à la cabaretière, qui vint se pencher à la fenêtre ouverte.
Bientôt, le Dr Claveaux parut, et l’homme au brassard s’avança en s’essuyant la bouche avec un mouchoir de coton bleu :
— Vous êtes monsieur le docteur ? demanda-t-il, élevant le mouchoir à la hauteur de sa casquette.
— Oui, fit le médecin, qui s’apprêtait à grimper dans son cabriolet.
— Il y a un Allemand blessé.
— Un Allemand ! pas possible ! Où ça ?
L’homme dit le nom d’un village des environs de Langemark.
— Mais, c’est à une heure d’ici ! Et, que diable ! il y a des médecins à Langemark et à Staden. Comment se fait-il que vous veniez me relancer à Poelcapelle ?
— Je n’ai trouvé personne, monsieur le docteur ; j’ai été alors à Ypres. C’est là qu’on m’a dit que vous étiez ici.
Tout en maugréant, Sylvain monta dans sa voiture :
— C’est bien, je vous suis ; partez devant !
À la première côte, lorsque la jument se mit au pas, l’homme au brassard, s’appuyant au garde-boue, expliqua l’échauffourée, dont il avait été l’involontaire témoin.
Quatre soldats belges égarés aperçurent des uhlans chevauchant sur une route. Aussitôt les Belges s’embusquèrent. Ils convinrent de laisser l’ennemi s’approcher à bout portant, de choisir chacun son homme,