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Page:Torcy (Blieck) - L'exode, 1919.djvu/241

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L’EXODE

— Écoutez donc, vous verrez que je ne suis pas seul de mon avis.

Et il traduisait pour les profanes les phrases les plus critiques dont il donnait lecture :

« Une sorte d’optimisme, qui prévaut dans ce pays, consiste à croire que tout finira bien, sans effort de notre part… Un autre phénomène, qui ne semble rien de moins qu’un scandale aux soldats revenus de France, est la fascination que le football exerce encore aujourd’hui sur une partie de notre population. Il occupe toutes ses pensées, au point que nulle autre chose n’a d’importance par comparaison…

À cet endroit, le médecin repliait le journal :

— Il me semble que c’est clair et qu’il vaut mieux ne pas se faire d’illusions.

— Qui sait ? persifla M. Van Weert, peut-être nos amis anglais font-ils semblant de ne pas se rendre compte de la situation. La politique anglaise est plus profonde qu’elle n’en a l’air.

— Oh ! fit dédaigneusement le médecin, je ne crois pas aux prévisions des demi-dieux de la politique. Ce sont, pour la plupart, des gens très ordinaires. C’est l’élévation de leur piédestal qui fait croire à leur grandeur.

— Je vous accorde, sourit M. Van Weert, leur impéritie et leur imprévoyance. Il est certain qu’un directeur d’usine serait renvoyé sur l’heure, pour s’être laissé surprendre comme ces messieurs-là.

— Voyons, Van Weert, fit observer Philippe, à