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Page:Torcy (Blieck) - L'exode, 1919.djvu/255

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L’EXODE

Philippe aussitôt pria les Sauvelain de venir à Folkestone, mais ils refusèrent.

« Impossible, écrivit le peintre. J’ai des recommandations pour des amateurs de Rotterdam. Il faut vivre !… Ah ! si j’avais su, je serais resté à Bruxelles. Yvonne aurait pu y garder un peu d’espoir. Mais il n’y avait plus moyen de la retenir. Elle est partie seule, et j’ai voulu la rejoindre. Aussi, je boite encore de la balle de fusil que j’ai reçue des Allemands.

« Plus tard, j e vous enverrai le récit de ma fuite ; non qu’elle soit intéressante, mais elle vous donnera l’idée d’un état d’âme qui est celui de la plupart des Belges restés au pays.

« Chaque jour, ils s’en vont par centaines, risquant leur vie comme j’ai risqué la mienne. Beaucoup l’ont perdue !… Mais je vous conterai cela, quand j’aurai repris courage et qu’Yvonne se sera fait une raison. »


IV


Philippe apprit de M. Forestier que Mme Axel Borg se trouvait à Paris. Chaque soir, on la voyait dans les restaurants à la mode, où elle se dévouait à réjouir les officiers. Jamais on ne la rencontrait en compagnie d’un civil. Dans son zèle à servir la cause des Alliés, elle ne distinguait point parmi les uniformes. Toutefois, elle n’étendait pas ses faveurs aux « veinards de l’arrière ». On ne les méritait que par l’héroïsme ; et