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L’EXODE

évoquaient à l’écrivain la chaude mollesse des femmes créoles qu’il avait aimées dans les romans…

— C’est joli, fit-elle, en descendant les marches.

Et les ailes de son chapeau tremblèrent à chacun de ses pas.

Un moment, elle se promena entre les tombes, et, se baissant, cueillit une feuille de sauge dont elle respira l’odeur en fermant les yeux.

Enfin elle s’assit près de Philippe, sur le petit mur, le dos tourné au paysage.

Philippe, souriant, lui demanda :

— Où est Lysette ? — Elle me suit, mais à l’aise.

— Est-elle fatiguée ?

— Je le suppose… On le serait à moins.

Autour d’eux, le monde rêvait au soleil ; le cri monotone des cigales vibrait avec la lumière ; cependant, pas une feuille ne bougeait. Le calme était si profond que, parfois, on entendait le bruit liquide et furtif d’un poisson qui se jouait sur l’eau…

À cause de leur solitude, ils évitaient de se regarder longuement. Tous deux affectaient une contenance indifférente, et, pour éviter les conversations intimes, ils parlèrent du prochain retour.

— J’ai envie de commencer mon livre, dit Philippe, en caressant de la canne les hautes herbes sauvages.

— Mais… je croyais que vous iriez à La Panne ?

— C’est là que je le commencerai. Nous comptons y passer le mois d’août, chez les Forestier. Toutefois, je