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Page:Torcy (Blieck) - L'exode, 1919.djvu/72

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DEUXIÈME PARTIE

voir dans sa maison. Si précieusement meublée qu’il n’osait en faire usage, M. Van Weert en habitait quelques pièces et montrait les autres aux visiteurs, ne manquant point de les arrêter devant le bassin de marbre d’un « atrium », où flottaient, autour d’un jet d’eau, des pétales de rose en celluloïd.

La gravité des événements inclina M. Van Weert à parler de politique :

— Eh bien ! que pensez-vous de la déclaration du ministre d’Allemagne ?

Philippe eut un geste évasif :

— Pour ce qui nous concerne, je suis rassuré. Mais j’ai peur pour la France, d’autant plus que les Anglais ne marcheront pas.

Tirant de sa poche un journal du soir, Philippe reprit :

— La Daily Chronicle déclare ouvertement qu’il ne faut pas compter sur l’Angleterre. Les Daily News recommandent la neutralité. Heureusement, le Times combat cette politique d’autruche. Il estime que les Anglais ne pourront rester indifférents à un conflit qui bouleversera les trois quarts de l’Europe.

M. Van Weert, allumant un cigare, les genoux croisés dans son fauteuil d’osier, sourit avec importance :

— Mon cher…

Et il émit une longue bouffée :

— … Il n’y aura pas de conflit.

— Ah !