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L’EXODE

L’esthète pointa vers l’écrivain son index au scarabée de malachite :

— Voyons, vous qui êtes homme d’étude, vous n’ignorez pas que la guerre et l’industrie sont essentiellement contradictoires ?

— On le dit.

— Auguste Comte l’a « démontré ». Le commerce et l’industrie ont à ce point mêlé les capitaux et les intérêts que toute guerre devient impossible… au moins entre pays industriels et commerçants… Or, l’Allemagne et l’Angleterre étant industrielles, comme la France est commerçante, il va de soi qu’il n’y aura pas de confit.

— Vous oubliez qu’on mobilise partout.

— Bluff !… poudre aux yeux !… L’ogre allemand fait sonner les éperons de ses bottes. Quand il aura fait peur à ses voisins, il retournera chez lui.

— Croyez-vous ?

— J’en suis sûr.

— Quant à moi, j’en doute fort. J’estime que le « jour » est arrivé ; der tag ! pour lequel se préparent depuis quarante ans tous les gorilles de la Germanie.

— Allons donc ! Une guerre de six semaines épuiserait l’Allemagne. Cela fut déclaré au dernier congrès des banquiers allemands. Mais, peut-être, ne lisez-vous pas les journaux financiers ?

— Non… je l’avoue.

M. Van Weert en faisait une lecture quotidienne et