Page:Toulet - Béhanzigue, 1921.djvu/108

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oublié votre cher petit laque aux fleurs de kiri : le blason de Taïko ?

— Ah ! la boîte de Rimsky ! fit la jeune femme (à qui ce Russe l’avait, en effet, offerte au Japon).

À peine ces mots avaient-ils eu le temps de se dissiper, que Christiane aurait donné un morceau de sa vie pour les reprendre. Elle regarda Hubert à la dérobée :  : sa pâleur éclatait dans la nuit.

Et, sur cette route déserte d’Orient, ce fut la scène de jalousie, la dégradante scène qu’ils s’étaient déjà jouée si souvent : les mensonges orgueilleux de la femme, les reproches de l’homme, ses insultes, ses menaces. Une injure dernière cingla Christiane.

— Eh bien ! non ! cria-t-elle enfin. Comme brutes, j’aime mieux les coulieschais. Adieu.

Déjà elle courait en avant, sa jupe dans la main, et lui la suivait du regard sur la route, quand ce qu’il vit lui arrêta le cœur.

C’était à mi-chemin de la crête, un rocher en surplomb, couronné d’un arbre chauve dont une grosse branche débordait la route, avec une masse là-dessus ramassée, mais distincte sur la pâleur de l’ouest, quelque chose qu’il avait rencontré déjà. Et il lui sembla qu’aux abords de cet arbre tous les insectes s’étaient tus, toutes les lucioles éteintes, comme si le seigneur de la forêt n’avait eu qu’à paraître pour évoquer autour de lui un cercle royal de nuit et de silence.

— Mais quoi, songea-t-il dans un éclair, je n’ai qu’à rappeler