Page:Toulet - Béhanzigue, 1921.djvu/175

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et de Maurice ; ceux de ma jeunesse, comme on en vendait dans cette éblouissante gare de Rose-Hill. Je songeais à un bel arbre, où j’en avais, moi-même, cueillis. Et je songeais aux beaux yeux des filles de la Savane, que je ne le verrai plus, — à la dame exquise et pâle, qui passait sans bruit à travers l’ombre légère des filaos.

L’inutile recours en grâce.—— Certes, le mauvais temps ne me porte point bonheur.

Une fois de plus, il pleuvait (c’est la moitié de la vie). Et j’étais sur un quai de gare, une fois de plus.

— Quoi, fit Prahly d’un air contraint, en descendant de wagon, c’est vous !

— J’ai rencontré votre mari, rue Royale, qui m’a annoncé votre retour, et qu’il ne pouvait pas venir vous chercher.

— Je sais, je sais.

— Alors, il m’a paru que je le remplacerais très bien.

— En effet.

Et Prahly regarde autour d’elle. Soudain ses yeux se fixent et brillent. Sa main s’agite comme pour saluer. Je me retourne, et vois un grand garçon qui la regarde d’un air tendre et stupide.

— C’est à ce Monsieur que vous faites signe, Prahly ?

— Que je fais signe ! vous êtes fou, dit-elle. Et elle prend le devant. Je la rejoins avec peine, dans la cohue.

— Pourquoi m’avez-vous fait défendre votre porte ?