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Page:Toulet - Béhanzigue, 1921.djvu/31

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de lune brillait sur l’Etoile, quand je m’entendis héler par un couple inconnu. Ils étaient à quelques pas de moi, et s’arrêtèrent sous un bec de gaz pour s’expliquer, n’ayant pas l’air bien d’accord. Il y en avait un grand, costau, en queue de morue, avec une tête en fil de fer, et des bras que je voyais bomber sous la manche : des bras, Mesdames, comme je vous souhaite d’avoir la…

— La jambe ! protesta Mme de Papin, tu ne vas pas nous faire le coup du mépris, sur le tard, peut-être ?

— Et des épaules à l’avenant, continua le narrateur, sans relever l’insinuation. — L’autre c’était un domino sombre parsemé de violettes : rien de gros ni de grand, ni qui m’aurait fait marcher jusqu’au Lion de Belfort. La voix un peu forte avec ça, et qui me fit presque envisager un instant l’hypothèse que je pouvais bien avoir affaire à deux individus du même sexe…

— Le tien, parbleu, interrompit encore l’irrespectueuse Eulalie.

— Allons, ton bec, la Papin, fit Gustave-Alphonse : tu coupes l’intérêt.

— Tant y a que le costau monta le second et me donna l’adresse : une adresse impossible : « Si j’avais su, que j’ui dis, vous auriez bien pu y aller à pattes ». Et j’ajoutai : Pedibus cum jambis, parce que les bourgeois, il faut leur montrer de temps en temps qu’on est aussi calé qu’eux. Lui, de son côté, me promit un important pourboire ; et ça me décida, quoique Pigaille eût assez bouffé de kilomès, ce jour-là, pour se passer