Page:Toulet - Béhanzigue, 1921.djvu/43

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ir plus d’élégance que jadis. On lui voyait même, dans l’intérieur, quelques combinaisons achetés en solde par M. Dophin : satin vert poison, amarante, ou safre ; péquinées rubis ou bleu ciel, et qui lui donnaient l’air d’un scarabée qui aurait mis des bottines. Elle ne courait pas non plus un très aristocratique gibier. Quand elle se risquait chez de riches collectionneurs c’est que le bourgeois avait une de ces têtes qui convertiraient Jeanne Hachette à l’escroquerie — ou bien pour préparer à des amis quelqu’une de ces subtiles manœuvres que les policiers, pesamment, nomment cambriole. (Quelle langue ! ) Non c’est surtout parmi les provinciaux, les étrangers, les employés en retraite, qu’Eulalie exerçait sa difficile et passionnante industrie. Cela lui rapportait beaucoup.

Parfois au retour d’une « visite d’affaire » et déjà à demi-dévêtue pour ne pas fatiguer sa toilette :

— Tiens, disait-elle à M. Dophin en lui tendant quelques coupures : s’il me retrouve celui-là, je veux bien que la crique me croque… Tout ça c’est des types genre Wilson : ça ne sait pas seulement dire pain en français.

— Fais bien attention, disait Finfonce avec sollicitude, sans demander à quoi.

…………………….

La boutique qui était au n° 13, rue Lemarle-Thibaut, laissait lire, en élégante anglaise jaune d’œuf, ces mots : « Eulalie, antiquaire ».

Mais Mme Dophin avait d’autres cordes à son arc, un arc qui était celui de l’amour. Depuis son mariage, elle était