Page:Toulet - Béhanzigue, 1921.djvu/44

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devenue presque jolie, et, peu à peu, perdait ces rides qui la faisaient jadis ressembler à une pomme où il a gelé ; ses joues devenaient pleines, et tout son corps d’une chair si tendue et rebondissante, que Finfonce maintenant prenait plaisir à la corriger, et c’est à peine si elle conservait, du temps jadis, cet air d’avoir eu faim dont rien ne dépouille les visages éloquents qu’a baisés la misère.

Et après un instant de silence :

— Dès qu’on aura cent mille francs de côté, disait-il, et une petite maison, on se retirera, pas, mon chéri ? Et il ajouta d’une voix mouillée :

— C’est que je t’aime, vois-tu… passe-moi mon tabac…

Ah, précieuses qualités bourgeoises, amour de l’ordre et du droit chemin, sainte poésie du pot-au-feu qui bout plus doucement qu’un enfant ne dort : quel poète au cœur sain saura tirer de vous la divine chanson, digne d’être chantée aux fêtes de famille !

Gustave-Alphonse n’en eut pas été du tout indigne, Bachelier ès-lettres en première partie (série inverse K. S. V. 2, des patois oraux) — ancien maître répétiteur avec cela, il eut pu, tout comme un autre, faire des vers dignes de ce nom, respectueux à la fois du passé et de l’avenir, des vers où une raisonnable soif de l’infini et du nouveau, n’eut pas étouffé le bon sens. Il y apportait, au contraire, une recherche de sentiments et de rythmes qui contrastait à la simplicité de sa vie. Mais quoi, tous les artistes n’en sont-ils pas un peu logés là ?

Leur génie, comme l’a dit avec éloquence Victor Hugo (ou