Page:Toulet - Béhanzigue, 1921.djvu/45

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un autre, leur génie est enfant de Bohême, et n’a jamais — jamais — connu de loi ! Ils le croient, du moins. Mais Finfonce, non plus que les autres poètes, ne se connaissait pas fort avant.

Où il réussissait le mieux — en dehors bien entendu de la mayonnaise — c’était à de petites pièces délicates, encore qu’un peu précieuses, dont son ami Béhanzigue disait qu’elles avaient l’air d’être cueillies dans l’Anthologie.

— Celle que je préfère, moi, affirmait Eulalie, c’est celle des pommes. Tu sais… celle des pommes ? Dis-nous la, Monsieur Dophin…

Il posait, sans trop se faire prier, sa cigarette, dans l’âtre refroidi où il crachait et, non sans âme, déclamait :

Tout ainsi que ces pomme De pourpre et d’or, Qui fleurissent aux bords Où fut Sodome ;

Comme ces fruits encore Que Tantalus, Dans les sombres palus, Crache et dévore ;

Mon cœur si doux à prendre Entre tes mains : Ouvre-le, ce n’est rien Qu’un peu de cendre.

— Délicieux ! Un Allemand dirait « gemutlich », ponctuait Béhanzigue, qui jadis sous un nom plus authentique avait été