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Page:Toulet - Béhanzigue, 1921.djvu/46

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professeur de littérature dans un lycée de jeunes filles. Le fâcheux est qu’il avait prêté à de méchants propos, ou à quelque fiche… en sorte qu’aujourd’hui il vivait Dieu sait de quoi, sur les confins de Montmartre, et peut-être du Code.

Finfonce, dont la respectabilité croissante lui avait fait écarter d’anciens copains, l’aimait pour sa conversation, et lui offrait souvent l’absinthe, dont il avait maintenant à la maison. En peignoir rose, ses pâles cheveux au vent, Eulalie les écoutait, sans bien comprendre, une buée dans ses yeux doux, couleur ciel d’hiver. Et les bruits éteints de la rue entraient dans la chambre, à travers le store de toile écrue.

— Tout de même, observa M. Dophin, il ne faudra pas quitter tout à fait Paris. Ce n’est encore que là où les femmes ont de la toilette, et les hommes de l’esprit… Monsieur Béhanzigue, une seconde absinthe, n’est-ce pas ? Voici la glace.

— Merci, cher Monsieur.

Lui-même s’occupait aussi de littérature, et faisait des petits vers où, beaucoup mieux que son ami, il pensait dégotter Méléagre.

Le plus trivial incident lui en inspirait, tels que ceux-ci « adressés à une dame piquée d’une abeille » :

Aux appas qui troublent mon âme De roses et de lys comptant faire régal, Une abeille piqua Chloris d’un trait de flamme : « Hélas, lui dis-je alors, tel est l’amour, Madame. Il n’en est pas qui ne commence en madrigal Pour s’achever en épigramme. »