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Page:Toulet - Béhanzigue, 1921.djvu/53

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Là-dessus on trinqua, tous ensemble. Mais le cœur n’y était plus, et tous trois se levèrent bientôt pour repartir.

— Où donc que vous allez ?

— Faut bien mettre le poivrot chez lui, dit Filéma. C’est du côté de Saint-Denis…

— Tiens, je me rentrerais bien par là, moi aussi. Vous n’auriez pas une place ?

— Mon vieux, expliqua Finfonce, y a pas plan. Ce particulier, en se réveillant s’il voyait quelqu’un qu’il ne connaît pas, aïe donc, Et du couteau siou’plait.

Le dyonisien eut l’air un peu sceptique. Mais enfin on repartit.

— Et plus de tournée jusqu’au retour, murmura le cocher, en fouaillant sa bête. Hi, bleusaille !

On passa l’octroi, sans encombre. Puis parurent des terrains vagues, mais où l’on découvrait encore trop d’habitations.

Il luisait par là-dessus un beau clair de lune. Toutefois Eulalie n’en était pas rassérénée, et se sentait peu à peu envahie d’une espèce de terreur obscure. Etait-ce l’alerte de tout à l’heure, au cabaret, ou le voisinage prolongé du baron ?

Maintenant elle s’en tenait éloignée le plus possible, et regardait à travers le carreau, de toutes ses forces, les branlantes palissades, les murs blafards, hérisses de tessons qu’allumait la lune, et les tas d’ordures, et les cagibis. Un peu plus loin, il y avait un champ vaste et nu :

—— Pourquoi qu’ils arrêtent pas là, pensa-t-elle. Quelles gour…