Page:Toulet - Béhanzigue, 1921.djvu/54

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

À ce moment, elle sentit une main se poser sur son épaule.

Du coup, la jeune femme poussa une clameur à réveiller un cadavre. Mais c’était déjà fait : Polonya, revenu à lui après un long évanouissement, la contemplait d’un œil trouble et rond, sans dire mot. Eulalie aussi se taisait, incrustée dans son coin. Et tout à coup la voix sourde, un peu rauque du Russe affirma dans la nuit :

— Je ne suis pas mort…

On eut dit qu’il voulait se rassurer soi-même. Cependant la voiture était arrêtée, M. Dophin et Pacôme tous deux descendus en voyant s’agiter un couple dans la voiture. Mais Finfonce sans en demander davantage, courait à travers champs, tandis que le cocher, plus brave, ouvrait la portière et tâchait de calmer le ressuscité. À la hâte on s’expliqua, on rappela le fugitif, qui revint lentement et présenta de confuses excuses. Et une dernière fois, on s’en fut boire. Mais quand Polonya voulut payer, ce fut pour constater qu’il n’avait plus rien dans ses poches. Eulalie devint un peu rouge.

— Laissez, laissez, Monsieur le baron, fit le Dophin très homme du monde. C’est ma tournée.

Le baron n’insista pas, ni ne lui répondit non plus que c’était la seconde. Mais comme on s’offrait à le reconduire, il s’excusa de les déranger davantage.

— Je crois, dit Eulalie, qu’il aime mieux prendre un autre sapin.

— Qu’est-ce qu’il lui faut donc, demanda Filéma, de son plus grand air. Il me semble qu’on lui a pas pris cher.