Page:Toulet - Béhanzigue, 1921.djvu/80

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tourné à droite par la rue des Lavandières-Sainte-Opportune, fit panache, on n’a jamais su pourquoi, entre la station du Métro et la rue des Deux-Boules. Tandis que l’autoplace occupait une position verticale, l’autobus lui arriva dessus, pour lui entrer aussitôt dedans. Et cela fit une belle salade.

En résumé, il ne se releva tout à fait sains et saufs que les deux chauffeurs et un vieux monsieur sourd, qui, ayant dormi depuis le départ, s’indignait amèrement de ne pas être aux Buttes-Chaumont, où il avait un rendez-vous. En cas qu’ils en eussent dans l’autre monde, une dizaine de voyageurs, et Neurette avec eux, furent mieux servis. Le reste n’était qu’évanoui, étripé, ébranché, hébété.

Les suites de cet accident sont assez connues. On se, rappelle que Barbe et Beaubu, renvoyés par leurs compagnies respectives et réconciliés par le malheur, coururent porter leurs revendications à la conflagration internationale. Les grèves sanglantes qui s’ensuivirent ayant mis ces modestes héros en vedette, Beaubu fut, par la suite, élu député, cependant que Barbe montait, avec des capitaux anglais, la grosse affaire de l'Alimentation du gréviste. Aujourd’hui, ils sont tous deux en pourparlers pour acheter une automobile. Dans quelques jours, ils auront chacun son chauffeur.

Et alors ce sera leur tour d’être tués.