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Page:Toulet - Béhanzigue, 1921.djvu/83

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l’amour libre, aux droits de la passion, ne se fût avisée, au bout d’un millier de jours de mensonge, que le mensonge, répugnait à sa fierté. Lampourde s’étant laissé persuader qu’il n’était pas moins fier, les deux complices, un jour, disparurent.

Si M. Lampourde prit assez philosophiquement la chose, heureux peut-être de pouvoir désormais se livrer à de paisibles économies, Mme Séguovin, qui aimait son mari, pensa tomber morte à la nouvelle de ce mutuel enlèvement. Son premier soin fut ensuite de défendre à sa fille, sous les pires menaces, tous rapports avec leurs voisins.

Le lendemain, Christine n’y pensa plus et elle était dans la cour avec René quand une grande ombre tomba sur elle. C’était sa mère, qui l’emporta chez elle, sous son bras, à travers l’escalier, où déjà on pouvait entendre qu’elle lui donnait l’avant-goût d’une punition éclatante. Les cris de la fillette en annoncèrent la suite, et puis tout retomba dans un noir silence, où, seule, Christine sanglotait doucement comme une tourterelle.

René était ouvrier typographe. Il passait pour un bon sujet, ayant travaillé assidûment depuis le départ de sa mère, qu’avait suivi, à peu de jours près, celui de Mme Séguovin et de sa fille. Elles étaient allées, disait-on, se loger près de la gare Saint-Lazare, et, pas une seule fois jusqu’ici, René n’avait revu sa petite amie. Mais, parfois, il y pensait encore.