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Page:Toulet - Béhanzigue, 1921.djvu/95

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mains : « C’est incroyable qu’avec tout cela on ne puisse pas vous tirer un enfant ! »

Que j’eusse préféré le devoir à mon cher d’Armentières, presque aussi beau que ce beau Maréchal dont il était bâtard, et, certes, plus raffiné. Non qu’il ne fût de lettres médiocres et fort inégal d’esprit, comme il l’avouait lui-même, mais d’un goût exquis en tout ce qui est de vivre, qui brillait dans sa toilette, le détail de sa cuisine ou de ses équipages, comme à l’ordonnance d’une fête. Aussi apportait-il à ces choses, comme d’ailleurs à aimer, un air d’indolence et de laisser aller, qui les parait d’un naturel incomparable.

Ce n’est point qu’il y mît du calcul ni de la complication. On sait comment il répondit à l’abbé de Fontenelle le frère, qui lui demandait un jour comment il avait eu Mme de N…, une des plus difficiles de la cour, et jusque-là qu’elle prétendait avoir fait danser devant l’arche Monseigneur lui-même :

— Quoi donc, répondit-il nous étions seuls, je lui levai ses jupes.

Je le connus pourtant à mon égard d’une moins soudaine entreprise. La première fois que je le rencontrai, ce fut dans ce cimetière de Passy, où tout le monde courait voir de certaines fissures qui s’étaient ouvertes dans le sol, ce qu’on voulait faire passer pour sorcellerie. Nous y fûmes donc, Mmc de la S… et moi ; mais le grand feu de curiosité était déjà tombé, en sorte que nous n’y vîmes que peu de gens, et le chevalier, justement, que Mme de la S… me présenta.

Il était vêtu du meilleur goût sans profusion de rubans ni