Page:Tourgueneff - Récits d un chasseur, Traduction Halperine-Kaminsky, Ollendorf, 1893.djvu/288

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ce misérable, ce délateur. Je veux lui payer ses dénonciations.

Pavel se laissa choir sur une chaise.

— Que dites-vous, que dites-vous, Pavel Andreitch ? Calmez-vous, n’avez-vous pas honte ? Pensez donc de qui vous parlez, Pavel Andreitch !

— Et de qui ? Et que me fait à moi qu’il soit chef de comptoir ? Ils ont bien choisi, ils ont lâché le bouc dans le jardin potager.

— Voyons, voyons, Pavel Andreitch, laissez cela, quelle bêtise !

— C’est bien, dit Pavel en frappant du poing sur la table, je l’attendrai… Et tenez, justement le voici qui nous arrive, ajouta-t-il en regardant par la fenêtre. On n’a qu’à le siffler. Eh ! viens donc, viens donc.

Pavel se leva, Nikolaï Eréméitch rentra. Son visage était radieux, mais à la vue de Pavel il se troubla un peu.

— Bonjour, Nikolaï Eréméitch, dit Pavel d’un ton significatif en s’avançant lentement à sa rencontre : bonjour.

Le chef de comptoir ne répondit pas. À la porte parut la figure du marchand.

— Eh bien ! on ne mérite donc pas que vous preniez la peine de répondre ? continua Pavel. Au reste, non, non, ajouta-t-il ce n’est pas ainsi