Page:Tourgueneff - Récits d un chasseur, Traduction Halperine-Kaminsky, Ollendorf, 1893.djvu/55

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tête) ; je donnerai, pour ce jour-là, une commission assez loin à ma vieille, continua Ermolaï. Je t’assure.

― Il vaudrait mieux éveiller le bârine, Ermolaï Petrovitch.

― Eh ! qu’il ronfle, dit avec indifférence mon fidèle serviteur. Il a assez couru ; qu’il dorme !

Je remuai sur mon foin. Ermolaï se leva, vint à moi et me dit :

― Les pommes de terre sont cuites ; voulez-vous manger ?

Je sortis de dessous le hangar ; la meunière se leva et voulut s’éloigner ; je lui adressai la parole :

― Y a-t-il longtemps que vous avez l’entreprise de ce moulin ?

― Il y aura deux ans vienne la Trinité.

― Et ton mari, d’où est-il ?

Arina n’entendit pas ma question.

― De quel endroit est ton mari ? répéta Ermolaï en haussant la voix.

― De Bielev. Il est mestchanine de Bielev.

― Et toi aussi, tu es de Bielev ?

― Non, j’appartenais à un seigneur ; j’étais une dvorovaïa[1].

― À qui appartenais-tu ?

― À un Zverkov, à présent je suis libre.

  1. Féminin du singulier.