Page:Tourgueneff - Récits d un chasseur, Traduction Halperine-Kaminsky, Ollendorf, 1893.djvu/80

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― Bonjour, Mikhaïlo Savelitch, répondit le paysan en approchant. Je viens de loin.

― Et où diable étais-tu caché ? dit Touman.

― Eh, à Moscou donc, trouver le bârine.

― Pourquoi ?

― Lui faire une grande prière.

― Oh ! quelle prière ?

― Pour réduire ma redevance, ou bien le prier de me mettre à la corvée, quoi… Mon garçon est mort, et, à moi seul, je ne viendrai jamais à bout de payer.

― Ton fils est mort ?

― Mort. À Moscou, le brave garçon s’employait comme cocher, et, il faut le dire, il payait la redevance pour moi.

― Tu as donc été mis au régime de la redevance ?

― À la redevance.

― Eh bien ! ton maître ?…

― Quoi, le maître ?… il m’a chassé, disant : « Comment oses-tu venir jusqu’à moi ? et pourquoi ai-je donc là-bas un intendant ? Ton devoir est de t’adresser d’abord à lui. Tu me parles de corvée ; et où veux-tu que je te mette à la corvée, moi ? Paye avant tout l’arriéré. » Il était fort en colère.

― Alors tu es revenu ?