Page:Tourgueneff - Récits d un chasseur, Traduction Halperine-Kaminsky, Ollendorf, 1893.djvu/82

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n’a pas payé sa redevance. Bah ! c’est pour moi un demi-mal, on ne prend rien à qui n’a rien… Tortille-toi comme tu voudras, frère. Eh bien ! quoi, ma tête est un triste gage et il n’y a que ça… (Il rit d’un singulier rire.) Il a beau s’ingénier, Kintilian Séménitch, c’est comme cela… Et il rit de nouveau.

― Ah ! frère Vlass, c’est… mauvais cela, mauvais, oui, marmotta Touman avec pose.

― En quoi si mauvais ? no… La voix de Vlass s’arrêta puis il reprit : « Voilà des chaleurs ! » et il s’essuya le visage de sa manche.

― Quel est votre seigneur ? demandai-je au moujik.

― Le comte *** Valérian Pétrovitch.

― Fils de Petr Illitch ?

― Oui, le fils de Petr, répondit Touman. Feu Petr Illitch, de son vivant, avait, en faveur de son fils, détaché de sa terre le village de Vlassovo. Se porte-t-il bien ?

― Il se porte à merveille, Dieu merci, répondit Vlass ; il est devenu si beau qu’il n’est plus reconnaissable.

― Voyez, batiouchka, reprit Touman, en s’adressant à moi ; les paysans mis à la redevance, cela se comprend près de Moscou ; mais ici ?

― À combien est fixée la taille ?