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Page:Tourgueniev - Étranges histoires (Étrange histoire ; Le roi Lear de la steppe ; Toc, Toc, Toc ; L’Abandonnée), 1873.djvu/111

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main dans les boucles de ses cheveux noirs. Vous chassez dans notre bois, mais soyez le bienvenu : nous ne nous y opposons pas, au contraire.

— Je n’ai rien tué aujourd’hui, et je vais quitter votre bois sur-le-champ. »

Slotkine s’empressa de remettre sa casquette.

« Que dites-vous ? s’écria-t-il en étendant les deux mains ; nous ne vous chassons pas. Nous sommes même enchantés… Evlampia Martinovna vous dira la même chose… Evlampia ? venez ici ! Où est-elle donc ? »

La tête d’Evlampia parut au-dessus des buissons ; mais elle ne s’approcha point.

« Je dois même dire, reprit Slotkine, qu’il m’a même été très-agréable de vous rencontrer. Madame votre mère a daigné se fâcher hier contre moi, sans vouloir entendre aucune explication. Et moi, je vous le dis comme je le dirais devant Dieu, je ne m’accuse d’aucune faute. Impossible d’en agir autrement avec Martin Petrovitch ; il est tombé tout à fait en enfance. Nous ne pouvons pas pourtant satisfaire tous ses caprices, et quant à des respects, il en a tant qu’il en veut. Demandez plutôt à Evlampia Martinovna. »

Evlampia ne bougea point. Le sourire méprisant qui lui était familier errait sur ses lèvres et remontait jusqu’à ses yeux.

« Mais pourquoi, Vladimir Vassiliitch, lui dis-je, avez-vous vendu le cheval de M. Kharlof ? »