Aller au contenu

Page:Tourgueniev - Étranges histoires (Étrange histoire ; Le roi Lear de la steppe ; Toc, Toc, Toc ; L’Abandonnée), 1873.djvu/175

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

les épaules. Rentrons dans la cabane. Il est temps de dormir ». C’était une habitude chez lui de secouer ainsi les épaules et de tourner la tête à droite et à gauche en portant la main à son cou, comme un homme qui a un col trop étroit. Le caractère tout entier de Téglew s’exprimait, me semblait-il, par ce mouvement inquiet et nerveux. Il était à l’étroit dans ce monde.

Nous rentrâmes dans la cabane et nous nous couchâmes, lui dans le coin aux images, moi dans le coin opposé, sur un banc, où l’on avait mis un peu de foin.

VII

Téglew se retourna longtemps sur son lit ; et moi, je ne pouvais m’endormir. Ses récits m’avaient-ils ébranlé les nerfs, ou bien cette étrange nuit m’avait-elle irrité le sang ? Je n’en sais rien ; mais dormir m’était impossible. Le désir même du sommeil finit par s’en aller, et je restai les yeux ouverts, l’esprit tendu, poursuivant les pensées les plus incohérentes, comme il arrive toujours aux heures d’insomnie. En me tournant d’un côté et d’autre j’étendis le bras… mon doigt rencontra une des poutres dont le mur était formé. Ce choc produisit un son faible, mais vibrant, et assez prolongé… j’étais sans doute tombé sur un endroit creux.

Je frappai de nouveau, mais cette fois volontaire-