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Page:Tourgueniev - Étranges histoires (Étrange histoire ; Le roi Lear de la steppe ; Toc, Toc, Toc ; L’Abandonnée), 1873.djvu/177

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Toc… toc… toc ! Toc… toc… toc !

À travers mes paupières entr’ouvertes, et grâce à la lueur blanchâtre de la nuit, je pouvais parfaitement suivre tous ses mouvements. Il se tournait tantôt vers la fenêtre, tantôt vers la porte. En effet, il était difficile de savoir d’où partait le bruit : on eût dit qu’il volait dans la chambre en rasant les murs. J’étais tombé par hasard sur un foyer acoustique.

Toc… toc… toc… !

« Riedel ! s’écria-t-il enfin, Riedel ! Riedel !

— Mais qu’y a-t-il donc ? lui dis-je en bâillant.

— Est-ce que vraiment vous n’avez rien entendu ? Il y a quelqu’un qui frappe.

— Eh bien, laissez-le frapper ? » Je feignis encore une fois de dormir, et même de ronfler…

Téglew se calma.

Toc… toc… toc !…

Téglew s’élança de son lit, ouvrit la fenêtre, et se penchant au dehors, s’écria d’une voix rauque : « Qui est là ? Qui frappe ? » Puis il ouvrit la porte et répéta sa question. Un cheval hennit dans l’éloignement, et ce fut tout.

Il revint à son lit.

Toc… toc… toc !…

Téglew se retourna lentement, et s’assit.

Toc… toc… toc !…

Téglew mit rapidement ses bottes, jeta son manteau d’officier sur ses épaules, et, décrochant du mur son sabre, sortit de la cabane. Je l’entendis faire le tour deux fois et demander à chaque instant : « Qui