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Page:Tourgueniev - Étranges histoires (Étrange histoire ; Le roi Lear de la steppe ; Toc, Toc, Toc ; L’Abandonnée), 1873.djvu/75

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— Oh ! Natalia Nicolavna, reprit le major, nous savons cela fort bien ; nous pouvons aussi comprendre le superfin de la délicatesse. Une demoiselle, c’est tout dire.

— Enfin, dit ma mère après un peu de réflexion, Evlampia saura se défendre. »

II

Un jour, c’était au mois de juin et la nuit s’avançait, on annonça l’arrivée de Kharlof. Ma mère s’étonna. Il y avait plus d’une semaine que nous n’avions vu notre voisin, et jamais il ne faisait si tard ses visites.

« Il est arrivé quelque chose », dit-elle à demi-voix.

En effet, Kharlof, qui se laissa tomber aussitôt sur une chaise près de la porte, était si pâle, son visage avait une expression si soucieuse, que ma mère ne put s’empêcher de répéter à haute voix l’exclamation qui venait de lui échapper.

Kharlof leva sur elle ses petits yeux, poussa un long soupir et finit par déclarer qu’il était venu… pour une affaire qui…, de telle nature…, pour cause…

Puis, après avoir marmotté d’autres paroles tout aussi incohérentes, il se leva brusquement et sortit.

Ma mère sonna et chargea un domestique de ra-