Page:Tourgueniev - Dimitri Roudine, 1862.djvu/128

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Les mains de Natalie avaient faiblement tressailli dans les siennes.

— Je vous aime ! répéta-t-il. Je ne sais comment j’ai pu me tromper aussi longtemps… comment je n’ai pas deviné plus tôt que je vous aimais… Et vous ?… Natalie, répondez-moi… Et vous ?…

Natalie respirait à peine.

— Vous voyez que je suis venue, dit-elle enfin.

— Dites, dites, m’aimez-vous ?

— Il me semble que… oui… murmura-t-elle.

Roudine lui serra encore les mains avec plus de force et voulut l’attirer à lui…

Natalie jeta rapidement un coup d’œil autour d’elle.

— Laissez-moi, — j’ai peur, — il me semble que quelqu’un nous écoute… Soyez prudent, pour l’amour de Dieu… Volinzoff se doute…

— Que Dieu le bénisse ! vous voyez bien que je ne lui ai même pas répondu aujourd’hui… Ah ! Natalie, que je suis heureux ! Maintenant rien ne pourra plus nous séparer !

Natalie leva ses yeux vers le ciel.

— Laissez-moi, murmurait-elle, il est temps…

— Un instant encore !

— Non, laissez, laissez-moi…

— Est-ce que je vous fais peur ?

— Non, mais je ne dois pas rester.

— Répétez au moins encore une fois…

— Vous dites que vous êtes heureux ? demanda Natalie.