Page:Tourgueniev - Dimitri Roudine, 1862.djvu/140

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Quelle est cette énigme ? pensait celui-ci en jetant furtivement un regard sur la tête penchée de Daria.

La solution de cette énigme ne se fit pas attendre. Traversant vers minuit un corridor sombre qui menait dans son appartement, Roudine sentit tout à coup que quelqu’un lui glissait un billet dans la main. Il regarda autour de lui et vit fuir une jeune fille qu’il reconnut pour la femme de chambre de Natalie. Il rentra chez lui, renvoya son domestique, ouvrit le billet et lut les lignes suivantes tracées par la main de Natalie :

« Soyez demain matin à sept heures à l’étang d’Avdioukine, derrière le bois de chênes. Il m’est impossible de vous donner une autre heure.

« Ce sera notre dernière entrevue et tout sera fini, à moins que… Venez. Il faut prendre une décision. »

« P.S. – Si je ne venais pas ; c’est que nous ne devrions plus nous revoir jamais. Alors je vous le ferais savoir. »

Roudine devint pensif, retourna le billet dans ses doigts, le mit sous son oreiller, se déshabilla et se coucha, mais ne put trouver le repos qu’il cherchait. Il dormit d’un sommeil léger et s’éveilla avant cinq heures.