Page:Tourgueniev - Dimitri Roudine, 1862.djvu/338

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pensai-je, il vaut mieux ne pas lui parler. Peut-être ne se porte-t-il pas tout à fait bien aujourd’hui ». Là-dessus, je me couchai aussi sur le poêle. Une lumière brûlait dans un coin. J’étais donc couché, et, voyez-vous, je commençais à sommeiller… Tout à coup j’entendis la porte qui grinçait faiblement et qui s’ouvrait… comme cela, un peu. Mon oncle était couché et tournait le dos à la porte, et vous pouvez vous rappeler qu’il avait toujours l’oreille un peu dure ; mais alors il se releva vivement : « Qui m’appelle ? qui vient me chercher, me chercher ? » Et il s’en alla dans la cour tête nue… Qu’y a-t-il donc ? me demandai-je, et, misérable que je suis, je me rendormis. Je me réveillai le lendemain matin… Loukianitch n’était pas là… Je sors de la chambre, je me mets à l’appeler, il n’était nulle part. « N’avez-vous pas vu sortir mon petit oncle ? dis-je au garde. – Non, me répondit-il, je ne l’ai pas vu ». Une terreur nous prit aussitôt. – « Allons, Fedorovitch, dis-je, allons voir s’il n’est pas dans la maison. – Allons, Vassili Timofeïtch », répliqua-t-il. Et il était tout blanc comme de la terre glaise. Nous entrons dans la maison ; je passe devant le garde-meuble : un cadenas ouvert pendait du piton ; je pousse la porte, mais elle était fermée en dedans… Fedorovitch court aussitôt pour faire le tour et regarder par la fenêtre. « Vassili Timofeitch ! me crie-t-il, les pieds pendent, les pieds… » Je vais à la fenêtre. Ces pieds étaient ceux de Loukianitch. Il s’était ainsi pendu au milieu de la chambre. On envoya chercher