Page:Tourgueniev - Dimitri Roudine, 1862.djvu/341

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– Vous l’avez connu ? demanda-t-elle avec vivacité. Quel malheur ! C’était un si brave, un si bon vieillard… Et sans aucune raison…

– Oui, oui, répétai-je, quel malheur ! La sœur de Mme Chlikof s’approcha de nous. Il paraît que les savantes remarques du géologue sur la formation des rives du Volga étaient pour quelque chose dans ce mouvement de retraite.

– Pélagie, monsieur a connu Loukianitch.

– Vraiment ? le pauvre vieillard !

– Dans ce temps-là, je chassais souvent autour de Michaïlovskoë. Il y a trois ans, lorsque vous y étiez…

– Moi ? dit Pélagie avec quelque surprise.

– Mais oui, certainement ! répliqua vivement sa sœur. Ne te rappelles-tu pas ? Et elle lui jeta un coup d’œil rapide.

– Eh ! oui, oui…, certainement ! répondit tout à coup Pélagie.

« Eh ! eh ! pensai-je, il paraît que tu n’étais point à Michaïlovskoë, petite colombe. »

– Ne voulez-vous pas nous chanter quelque chose, Pélagie Fédorovna ? dit soudain un grand jeune homme avec un toupet blond et des yeux ternes.

– Je ne sais vraiment rien, répondit Mlle Badaef.

– Vous chantez ? m’écriai-je avidement en quittant ma place d’un air empressé. Au nom de Dieu ! ah ! au nom de Dieu ! chantez-nous quelque chose.

– Et que vous chanterai-je ?

– Ne connaissez-vous pas, dis-je, en essayant de