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— C’est pour cela que j’ai remarqué que vous n’étiez pas à votre aise pendant sa visite… Je vous suis pourtant très-reconnaissante de la matinée d’aujourd’hui. Le temps s’est passé fort agréablement pour moi. Mais il faut savoir ne pas abuser. Je vous congédie jusqu’au déjeuner, et je vais à mes affaires. Il est probable que mon secrétaire, — vous l’avez vu, c’est Konstantin qui est mon secrétaire, — m’attend déjà. Je vous le recommande. C’est un excellent jeune homme, très-serviable et tout à fait enthousiasmé de vous. Au revoir, cher Dimitri Nicolaïtch. Que je remercie le baron de m’avoir fait faire votre connaissance !

Daria Michaëlowna tendit la main à Roudine. Il commença par la serrer, puis la porta à ses lèvres, et passa dans la salle à manger, et de là sur la terrasse. Il y rencontra Natalie.


VI


Au premier abord, la fille de Daria Michaëlowna pouvait ne pas plaire. Maigre et brune, elle n’avait pas encore atteint son entier développement et se tenait un peu courbée. Mais ses traits, quoique trop accentués pour une jeune fille de dix-sept ans, étaient nobles et réguliers. Son front pur et uni avait une beauté toute particulière, que faisait encore ressortir la finesse de ses sourcils légèrement arqués. Elle par-