vers la fenêtre, voyez-vous ce pommier ? il s’est brisé sous le poids et la quantité de ses fruits. Véritable emblème du génie !
— Il s’est brisé parce qu’il n’a pas de soutien, répondit Natalie.
— Je vous comprends, Natalie ; mais, songez-y, il n’est pas aussi facile à l’homme de trouver son soutien qu’il l’eût été à cet arbre, aujourd’hui renversé.
— Je pensais que la sympathie des autres… dans tous les cas l’isolement… — Natalie s’embarrassait visiblement et rougissait. — Et que ferez-vous à la campagne l’hiver ? ajouta-t-elle vivement.
— Ce que je ferai ? Je terminerai mon grand article, — vous savez — sur le tragique dans la vie et dans l’art. — Je vous en ai soumis le plan avant-hier ; je vous l’enverrai.
— Et vous le publierez ?
— Non.
— Comment, non ? Pourquoi vous donnez-vous tant de peine, alors ?
— Quand ce ne serait que pour vous, le motif ne serait-il pas suffisant ?
Natalie baissa les yeux.
— Je n’en suis pas digne, Dimitri Nicolaïtch.
— Oserais-je m’informer du sujet de l’article ? demanda modestement Bassistoff, qui était assis non loin d’eux.
— Du tragique dans la vie et dans l’art, répondit Roudine. — Voilà M. Bassistoff qui le lira aussi. Du