Page:Tourgueniev - Fumée.djvu/108

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favoris, faisant la basse et simulant l’étonnement. — Guten Morgen.

— À propos ! le comte Paul est toujours là ? demanda nonchalamment un jeune général à un autre.

— Il y est encore, répliqua celui-ci sur le même ton. Mais c’est provisoire ; Serge prendra, dit-on, sa place.

— Eh ! fit le premier entre ses dents.

— Mais oui, murmura le second.

— Je ne puis comprendre, commença le général à la chansonnette, quel besoin avait Paul de se justifier, d’expliquer ses raisons… Il a pressuré un marchand… il lui a fait rendre gorge… eh bien, qu’est-ce que cela ? Il a pu avoir ses motifs.

— Il a peur de la critique des journaux, grommela quelqu’un.

L’irascible général s’enflamma soudain.

— Oh ! c’est le dernier de mes soucis. Les journaux ! la critique ! Si cela dépendait de moi, je ne permettrais à vos journaux que l’insertion de la taxe de la viande ou du pain, les annonces de vente de pelisses et de bottes.

— Et l’adjudication des terres des nobles vendues à l’adjudication, ajouta Ratmirof.

— Soit ! vu les circonstances. — Mais, messieurs quelle conversation à Baden, au vieux château !

— Mais pas du tout, pas du tout, dit la dame au chapeau jaune. J’adore les questions politiques.