Potoughine entra dans la chambre. Litvinof s’en réjouit fort.
— Voilà qui est aimable ! dit-il en serrant fortement la main du visiteur inattendu. J’aurais été certainement vous chercher si vous aviez voulu me dire où vous demeurez. Asseyez-vous, je vous prie, posez votre chapeau, asseyez-vous.
Potoughine ne répondait pas à ces affectueuses paroles ; il demeurait debout au milieu de la chambre, souriant et secouant la tête. Le cordial accueil de Litvinof l’avait visiblement touché, mais il y avait dans l’expression de son visage quelque chose d’embarrassé.
— Pardonnez-moi, balbutia-t-il. Assurément, c’est toujours avec plaisir… mais on m’a dépêché vers vous.
— Voulez-vous dire, dit d’un ton de reproche Litvinof, que vous ne seriez pas venu sans cela ?
— Oh ! non, mais… peut-être ne me serais-je pas décidé à vous déranger aujourd’hui si on ne m’avait prié de passer chez vous. En un mot, j’ai pour vous une commission.
— Puis-je savoir de qui ?
— D’une personne qui vous est connue, d’Irène Pavlovna Ratmirof. Vous lui avez promis, il y a trois jours, d’aller la voir, et vous n’en avez rien fait.
Litvinof regarda avec surprise Potoughine.
— Vous connaissez madame Ratmirof ?
— Comme vous voyez.