Page:Tourgueniev - Fumée.djvu/122

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Et vous la connaissez… intimement.

— Je suis jusqu’à un certain point de ses amis.

Litvinof se tut.

— Permettez-moi de vous demander, reprit-il, si vous savez pourquoi Irène Pavlovna désire me voir ?

Potoughine s’approcha de la fenêtre

— Je le sais jusqu’à un certain point. Autant que j’en puis juger, elle a été très heureuse de vous revoir et voudrait renouer de précédentes relations.

— Renouer, répéta Litvinof. Excusez mon indiscrétion, mais laissez-moi encore vous interroger. Savez-vous de quel genre étaient ces relations ?

— Je l’ignore réellement ; mais je présume, ajouta Potoughine en se tournant inopinément vers Litvinof avec une expression affectueuse, je présume qu’elles étaient excellentes, car Irène Pavlovna a fait de vous un grand éloge, et j’ai été obligé de lui donner ma parole que je vous amènerais. Vous viendrez.

— Quand ?

— Maintenant… tout de suite.

Litvinof laissa tomber ses bras.

— Irène Pavlovna, continua Potoughine, suppose que ce… comment vous dire cela ?… que ce milieu dans lequel vous l’avez vue l’autre jour ne doit pas vous être fort sympathique, mais elle m’a chargé de vous dire que le diable n’est pas aussi noir qu’on le dépeint.