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Page:Tourgueniev - Mémoires d’un seigneur russe.djvu/147

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D’UN SEIGNEUR RUSSE. Q3 !

inertes près du foyer représenté par des couches de cendre blanche ; le seul Paul se souleva, se mit sur son séant et me ’ regarda. —

Je le saluai, le regardai, le saluai encore, et je partis pour me rendre chez moi en longeant la rivière couverte de blanches vapeurs. Je n’avais pas fait deux verstes que déjà, jaillissant autour de moi, sur la vaste prairie humide de rosée, sur les verdoyantes collines, de bocage en bocage, et plus loin sur les chemins poudreux, sur les buissons tout diamantés et irisés de larmes, sur la rivière qui bleuissait sous son brouillard déconcerté et fondant, le jour Bt tomber d’abord des rayons de feu pourpre, puis des cataractes d’une fraîche et resplendissante lumière d’or.... Tout s’agita, tout s’éveilla, tout soupira d’aise, tout chanta, tout pritla parole ; partout de grosses gouttes de rosée reflétèrent en se mouvant toutes ces mille lueurs à la fois.... Dans le lointain, devant moi, retentirent purs, clairs, distincts et comme baignés eux-mêmes par la fraîcheur du matin, les sonsde la cloche du temple villageois, et presque aussitôt de derrière moi s’élanca tout le taboun du Psù nss couxsuns, poussé en avant par les cinq bons jeunes enfants que je pouvais nommer par leurs noms et qui ne savaient pas le mien.

J’ai le chagrin d’être obligé d’ajouter àce récit, déjà peut-être trop long, que Paul mourut dans l’année. Mais qu’on ne croie pas qu’il se soit noyé : il est mort d’une chute de cheval. G’est bien dommage : Paul était un enfant qui promettait un excellent jeune homme.

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