Je revins dans ma chambre et retirai de mon bureau un couteau anglais que j’avais dernièrement acheté ; j’essayai le tranchant de la lame et, les sourcils froncés, avec une décision froide et concentrée, je le cachai dans ma poche, comme si ces sortes d’affaires me fussent très familières et que je m’en fusse mêlé plus d’une fois.
Mon cœur se raidissait avec colère, et, jusqu’à la nuit, je restai le front soucieux, et les lèvres muettes. Je ne faisais qu’aller et venir sans cesse, en serrant dans ma main le couteau qui en devenait chaud dans ma poche, et en me préparant d’avance à quelque chose de terrible.
Ces sensations nouvelles et inconnues m’occupaient et me distrayaient même à tel point que l’idée de Zinaïda en était effacée. J’entendais à chaque instant :
« Aleko, jeune tzigane, où vas-tu, beau gar-