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PREMIER AMOUR

coup, devant mes yeux se passa un fait incroyable. Mon père leva la cravache avec laquelle, en cet instant, il battait de petits tapotements sa redingote, et l’on entendit résonner un coup aigu sur ce bras nu jusqu’au coude.

J’eus de la peine à retenir un cri. Zinaïda sursauta, jeta un coup d’œil muet sur mon père et baisa la trace que la cravache avait faite sur son bras. Mon père rejeta sa cravache et, montant rapidement les quelques marches du petit perron, s’engouffra dans la maison. Zinaïda se retourna, et, les deux bras tendus, la tête en arrière, s’éloigna aussi de la fenêtre.

Avec un serrement d’effroi, avec une sorte de terreur et de stupéfaction dans le cœur, je rebroussai chemin vivement, je traversai de nouveau la ruelle et, en manquant de faire échapper Electric, je revins sur la rive. J’étais