Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/160

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Neptune, Ceres, Mercure, Vulcain, Apollon, Diane, Vesta, Mars, Venus et Minerve. Jupiter étant le plus puissant de la troupe, Jason lui fit la cour préferablement aux autres, et tâcha de se le rendre favorable ; de là vient qu’Arrien, Menippe, Denys de Byzance, et Mela ne font mention que du temple de Jupiter distributeur des vents favorables, quoique ceux des autres divinitez ne fussent pas loin, puisqu’il y avoit autant de temples que d’autels. C’étoit apparemment dans ce temple de Jupiter qu’on avoit posé une statuë de Jupiter si parfaite, que Ciceron a dit qu’il n’y en avoit que trois semblables sur la terre. Ce fut de la porte de ce temple, que Darius eut le plaisir de considerer le Pont-Euxin, ou suivant l’expression d’Herodote, la mer la plus digne d’admiration. Il ne faut pas s’imaginer, comme quelques-uns, que ce temple fût sur une des Isles Cyanées, car la plus grande de toutes à peine peut-elle soutenir la colomne de Pompêe : Herodote dit seulement, que du pont que Darius avoit fait jetter sur le Bosphore, dans le lieu que nous venons de dire plus haut, ce Roy alla vers les Isles Cyanées pour y contempler la mer dont la veüe étoit merveilleuse à l’entrée du temple. Ce temple devoit donc être au village de Ioro, comme si l’on vouloit dire Hieron, et Ioro est tout auprés du nouveau Château d’Asie.

En parcourant la côte au delà de ce Château vers l’embouchûre de la mer Noire, on passe par cet endroit que Denys de Byzance appelle Pantichium, et d’autres Mancipium. Ensuite on découvre le Cap Coraca, ou le Cap des Corbeaux, lequel forme le commencement du détroit ; c’est peut-être le Cap de Bithynie de Ptolomée, auprés duquel il y avoit un temple de Diane. On ne trouve plus rien sur la côte d’Asie, au delà de ce Cap, qui soit marqué dans les auteurs, que le golphe aux Vignes ; mais