Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/257

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Dioscoride a parlé de ce miel à peu prés dans les mêmes termes. Autour d’Heraclée du Pont, dit-il, en certains temps de l’année, le miel rend insensez ceux qui en mangent, et c’est sans doute par la vertu des fleurs d’où il est tiré. Ils suent abondamment, mais on les soulage en leur donnant de la Rhüe, des Salines, et de l’Hydromel à mesure qu’ils vomissent. Ce miel, ajoûte le même auteur, est acre et fait éternuer. Il efface les rousseurs du visage si on le broye avec du Costus. Mêlé avec du sel ou de l’Aloës, il dissipe les noirceurs que laissent les meurtrissures. Si les Chiens ou les Cochons avalent les excrémens des personnes qui ont mangé de ce miel, ils tombent dans les mêmes accidens.

Pline a mieux débroüillé l’histoire des deux arbrisseaux dont on vient de parler, que Dioscoride ni qu’Aristote ; ce dernier a crû que les abeilles amassoient ce miel sur les Boüis ; qu’il rendoit insensez ceux qui en mangeoient et qui se portoient bien auparavant ; qu’au contraire il guerissoit les insensez. Pline en parle ainsi. Il est des années, dit-il, où le miel est tres-dangereux autour d’Heraclée du Pont. Les auteurs n’ont pas connu de quelles fleurs les abeilles le tiroient. Voici ce que nous en sçavons. Il y a une plante dans ces quartiers appellée Ægolethron, dont les fleurs, dans les printemps humides, acquierent une qualité tres-dangereuse lorsquelles se flétrissent. Le miel que les abeilles en font, est plus liquide que l’ordinaire, plus pesant et plus rouge. Son odeur fait éternuer. Ceux qui en ont mangé suent horriblement, se couchent à terre, et ne demandent que des rafraichissemens. Il ajoûte ensuite les mêmes choses que Dioscoride, dont il semble qu’il ait traduit les paroles ; mais outre le nom d’Ægolethron qui ne se trouve pas dans cet auteur, voici une excellente remarque qui appartient uniquement à Pline.

On trouve, continüe-t-il, sur les mêmes côtes du Pont,