Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/31

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lable à celui des Janissaires, mais ils n’ont point de cornes devant leur bonnet. Cinquante de ces Capigis sont de garde tous les jours à la porte de la premiere cour du Serrail, et il y en a autant à celle de la cour du Divan. Quand le Grand Seigneur est mal satisfait de la conduite d’un Viceroy ou d’un Gouverneur, il lui envoye un de ces Capigis avec ordre de demander sa tête. Le Capigi la coupe après l’avoir étranglé ; la met dans du sel pour la conserver si le chemin est long, et la porte dans un sac au Sultan ; ainsi ces Capigis sont autant de bourreaux.

Les Chiaoux sont employez à des commissions plus honnêtes, ils portent les ordres de l’Empereur dans tous ses états, et sont chargez des lettres qu’il écrit aux Princes souverains : ce sont comme les Exempts des Gardes du Grand Seigneur. Leur corps est d’environ six cens hommes, commandez par un chef qui s’appelle le Chiaoux-Bachi : cet Officier fait la fonction de Grand Maître des cérémonies et d’Introducteur des Ambassadeurs. Les jours de Divan il se trouve à la porte de l’appartement du Grand Seigneur avec le Capitaine des Gardes qui est de service. La paye des Chiaoux est depuis douze aspres par jour jusques à quarante : ils sont à la disposition du Grand Visir, des Visirs, des Beglierbeis, et même des simples Pachas ; mais on distingue par la pomme leurs bâtons, ceux qu’ils servent : car cette pomme est d’argent pour les premiers officiers, au lieu qu’elle n’est que de bois pour les autres. La plûpart des Chiaoux font l’office de sergens pour assigner les parties à comparoître au Divan, ou à s’accommoder entre elles ; mais ils ne quittent jamais leur bâton ni leur bonnet : ce bonnet est fort grand, semblable au bonnet de cérémonie des premiers officiers de l’Empire.

Il est temps, Monseigneur, que je vous entretienne des Officiers qui logent hors du Palais du Prince, et qui n’y