Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/38

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car comme il est l’Interprete de la loi dans les choses qui ne regardent pas la religion, il ne suit le plus souvent que son sentiment, soit par vanité, soit pour faire sentir son credit.

Le Grand Visir tient tous les jours Divan chez lui excepté le vendredi qui est le jour de repos chez les Turcs. Pendant le reste de la semaine, il va quatre fois au Divan du Serrail, sçavoir, le Samedi, le Dimanche, le Lundi, et le Mardi ; il est précedé du Chiaoux-Bachi, de quelques Chiaoux et de plusieurs Sergens à verge, accompagné des plus grands Seigneurs de l’Empire, suivi de sa garde Albanoise, et de plus de quatre cens personnes à cheval, qui marchent parmi une populace infinie, laquelle fait mille acclamations pour sa prosperité. Les jours du Divan, une heure avant le lever du Soleil, trois officiers à cheval se rendent devant le Serrail, pour y faire quelques prieres en attendant l’arrivée des Ministres, et les trois officiers les saleent à haute voix, et par leurs propres noms, à mesure qu’ils passent. Les Pachas perdent leur gravité à la veuë du Palais, ils commencent à galoper à trente ou quarante pas de la porte, et ils se rangent à droite dans la premiere cour pour attendre le Grand Visir. Les Janissaires et les Spahis vont se placer dans la seconde cour sous les galeries ; les Spahis à gauche et les Janissaires à droite. Tout le monde descend de cheval dans cette premiere cour : on passe ensuite dans la seconde, mais l’on n’ouvre la porte du Divan, que quand le Grand Visir arrive, et après qu’un Prêtre a fait la priere pour l’ame des Empereurs morts et pour la santé de celui qui regne.

Ceux qui ont à faire au Divan, enetrent en foule dans cette sale : les Visirs et les Intendans de Justice, par respect, n’entrent qu’avec le Grand Visir, et alors tout le