Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/39

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monde se prosterne jusques à terre. Quand ce premier Ministre est assis, les deux Intendans de Justice se mettent à sa gauche, qui est la place la plus honorable parmi eux, celui d’Europe est le premier tout prés du Grand Visir, et celui d’Asie le second : ensuite se placent les Thresoriers Generaux de l’Empire, parmi lesquels il y a un sur-Intendant et deux artisans. Les Visirs se mettent à sa droite selon leur rang avec le garde des Sceaux : s’il y a quelque Beglierbey ou Viceroy de retour de son gouvernement, le Grand Visir lui fait l’honneur de lui donner scéance après les Visirs.

On commence par les affaires de Finance : Le Chiaoux-Bachi va le premier à la porte du thresor pour en lever le sceau et le porte au Grand Visir qui examine s’il est entier. On ouvre ensuite le thresor, pour y mettre ou pour en tirer l’argent necessaire pour payer les troupes, ou pour les autres destinations ; après quoi le Grand Visir redonne le sceau pour être appliqué à la porte du thresor. Après les affaires de Finance, on traitte de celles de la guerre : on examine les demandes et les réponses des Ambassadeurs, on expédie les commandemens de la Porte, les Patentes, les Provisions, les Passeports, les Privileges. Le Reys-Effendi ou Secretaire d’Etat, reçoit des mains du Grand Visir toutes les dépêches et les expédie : si ce sont des commandemens de la Porte, le Chandelier les scelle, mais pour les lettres de cachet le Grand Visir y met seulement au bas le cachet de l’Empereur, qu’il imprime lui-même après l’avoir trempé dans l’ancre. On passe ensuite aux causes criminelles ; l’accusateur se presente avec les témoins, et le coupable est absous ou condamné sans délay : on finit par les affaires civiles qui se presentent.

C’est à ce Tribunal où le dernier homme de l’Empire a la consolation de tirer raison des plus grands Sei-