Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/390

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pied et demi de long, creuses et larges de trois lignes. Cette tige est terminée par une teste arrondie, d’un pouce et demi de diametre, dont les fleurs qui sont soutenuës par des pedicules de quatre lignes de longueur, sont à six feüilles de deux lignes de long, relevées sur le dos, luisantes, rouge-brun, plus clair sur les bords. Du milieu de ces feüilles sortent autant d’étamines purpurines qui les surpassent d’une ligne, et qui sont chargées de sommets de même couleur. Le pistile est à trois coins, verdâtre, et devient un fruit semblable à ceux des autres especes d’Oignon, c’est à dire à trois loges ; mais il n’étoit pas assez avancé sur la plante dont nous parlons, pour pouvoir être décrit.

On partit à minuit le 29 Juillet, et nous passâmes par des montagnes assez rudes, où il y a des forests, comme nous le reconnûmes à la pointe du jour, remplies de Sabines aussi hautes que des Peupliers. Elles different de l’espece que l’on a décrite dans la dixiéme Lettre, en ce que ses feüilles qui sont de la tissure des feüilles de Cyprés, ne sont pas serrées les unes contre les autres, mais écartées sur les côtez, et disposées trois à trois comme par étages. Les écailles de ces feüilles sont longues d’une ligne et demik terminées par un piquant, vert-gai en dessus, farineuses et jaunâtres en dessous. Ces arbres étoient tous chargez de fruits verts, d’un demi pouce de diametre.

Nous campâmes ce même matin depuis sept heures du matin jusques à onze heures. Ensuite l’on marcha l’aprés midi jusques à une heure et demi, pour s’arrêter à Dilijant village d’assez belle apparence. Des gardes postez sur le grand chemin, prétendoient que passant de Georgie dans le pays de Cosac, qui est une petite contrée entre la Georgie et l’Armenie, nous devions payer un Sequin par teste ; mais comme nous sçavions que les