Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/412

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d’honneur à un grand Roy. Dés qu’un Ambassadeur ou un simple Envoyé a fait voir aux Gouverneurs des Provinces les Lettres dont il est chargé pour le Roy de Perse, on lui donne le Tain, c’est à dire sa subsistance journaliere. Tant de livres de viande, de pain, de beurre, de ris, et un certain nombre de chevaux et de chameaux.

On fait bonne chere à Erivan. Les perdrix y sont communes, et les fruits y viennent en abondance. Le vin y est merveilleux ; mais les vignes donnent beaucoup de peine à cultiver, car le froid et les gelées obligent les vignerons, non seulement à chausser les seps, mais à les enterrer au commencement de l’hiver, pour ne les découvrir qu’au printemps. Quoique la ville soit mal bâtie, elle ne laisse pas d’avoir certains beaux endroits : Le Palais du Gouverneur, qui est dans la Forteresse, est considérable par sa grandeur et par la distribution de ses appartemens. Le Meidan ou la grande Place est quarrée, et n’a gueres moins de 400 pas de diametre. Les arbres y sont aussi beaux qu’à Lyon dans la Place de Bellecour. Le Bazar, qui est le lieu où se vendent les marchandises, n’est pas desagréable. Les Bains et les Caravanserais ont aussi leurs beautez, sur tout le Caravanserai neuf qui est du côté de la Forteresse. Il semble qu’on entre d’abord dans une Foire, car on passe par une galerie où l’on vend toutes sortes d’étoffes.

Les Eglises des Chrétiens sont petites et à demi enterrées. Celle de l’Evêché, et l’autre que l’on appelle Catoviqué, ont êté bâties, dit-on, du temps des derniers Rois d’Armenie. On voit du côté de l’Evêché une vieille Tour d’une structure assez singuliere ; elle auroit quelque rapport à la Lanterne de Diogenes, si son architecture n’étoit dans le goût Oriental. Elle est à pans, et le dôme qui la termine a quelque chose de plus agréable ; mais les