Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/424

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lui qu’on a apporté du Mexique à Versailles, puisque l’Oiseau d’Amerique, quelqu’admirable qu’il soit, n’a rien de commun avec nos Corbeaux ordinaires.

Je ne scaurois me consoler d’avoir passé par Corvirap, sans avoir eté à Ardachat. Ce n’est qu’à Paris que j’ai appris par la lecture du Voyage de Mr Chardin, qu’Ardachat, suivant la tradition des Armeniens, étoit le reste de l’ancienne ville d’Artaxate. Les gens du pays, dit cet auteur, appellent cette ville Ardachat, du nom d’Artaxerxes, que les Orientaux nomment Ardechier. Ils assûrent qu’on voit parmi ses ruines, celles du Palais de Tiridate, qui fut bâti il y a 1300 ans. Ils disent de plus ; qu’il y a une face du Palais qui n’est qu’à demi ruinée ; qu’il y reste quatre rangs de Colomnes de marbre noir ; que ces Colomnes entourent une grande piece de marbre ouvragé, et qu’elles sont si grosses que trois hommes ne les peuvent pas embrasser. Cet amas de ruines s’appelle Tact-tardat, c’est à dire, le Thrône de Tiridate.

Tavernier marque aussi les ruines d’Artaxate entre Erivan et le Mont Ararat, mais il n’en dit rien davantage. La situation d’Artaxate est si bien décrite dans Strabon, qu’on ne sçauroit s’y tromper en examinant le cours de l’Araxe. Artaxate, dit ce Prince des Geographes anciens, gut bâtie sur le dessein qu’Annibal en donna au Roy Artaxes qui en fit la Capitale de l’Armenie. La ville est située, continuë-t-il, dans un contour que la riviere d’Araxe fait en forme de peninsule, si bien que l’enceinte de cette riviere lui tient lieu de muraille, hormis dans l’endroit où est l’Isthme ; mais cet Isthme est fermé par un rempart et par un bon fossé. La campagne des environs s’appelle le Champ Artaxene.

Cette description de Strabon augmente mon chagrin, car nous aurions verifié si Ardachat est dans une peninsule, ou nous l’aurions peut-être trouvée plus haut ou plus