Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/509

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enormes, qui a eté composée autrefois pour servir de modéle à faire leur examen. S’ils se confessent d’avoir volé ou tué, bien souvent les Confesseurs répondent que Dieu est tout plein de misericorde ; mais il n’y a point avec eux de remission pour avoir rompu le Jeune, ou pour avoir mangé du beurre le mercredi ou le vendredi ; car leurs Prêtres qui font consister la religion à faire de grandes abstinences, leur imposent des penitences effroyables pour ces sortes de fautes ; ils ordonnent aussi quelquefois des mois entiers de penitence à ceux qui s’accusent d’avoir fumé, d’avoir tué un chat, une souris, un oiseau.

Ce seroit ici l’endroit de parler de l’Extrême-Onction des Armeniens, puisqu’ils la comptent parmi les Sacremens ; mais je ne vois rien de plus absurde que leur pratique, car ils ne la donnent qu’aprés la mort, et même ce n’est ordinairement qu’aux personnes sacrées ; les autres en sont tout-a-fait exclus.

Ils ont des regles particulieres pour le Mariage. Un homme veuf ne peut épouser qu’une femme, et l’on ne sçauroit chez eux contracter un troisiéme Mariage ; ce seroit vivre dans la fornication. De même une femme veuve ne peut pas épouser un garçon. Il n’y a pas grand mal jusque-là, peut-être même que les Mariages seroient mieux assortis que dans les autres Religions, si les parties se connoissoient avant que de s’unir ; mais on ne sçait ce que c’est que de faire l’amour chez eux. Les Mariages se font selon la volonté des meres qui ne consultent ordinairement que leurs maris. Aprés qu’on est convenu des articles, la mere du garçon vient au logis de la fille, accompagnée d’un Prêtre et de deux vieilles femmes. Elle présente à la future une bague de la part de son fils. Le garçon se montre en même temps tenant sa gravité du mieux qu’il peut, car il n’est pas permis de rire à la pre-