Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/510

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miere entreveüe ; il est vrai que cette entreveüe est fort indifferente, puisque la belle ou la laide ne montre pas même le blanc des yeux, tant elle est voilée. On presente à boir au Curé qui fait les fiançailles. Ce n’est pas la coutume de publier des bancs. La veille des noces le fiancé envoit des habits, et quelques heures aprés il vient recevoir chez sa fiancée le present qu’elle veut lui faire. Le lendemain on monte à cheval et l’on n’oublie rien pour en avoir des plus beaux. Le fiancé sortant de la maison de sa future, marche le premier la tête couverte d’un raiseau d’or ou d’argent, ou d’un voile de gaze incarnat, suivant sa qualité ; ce voile ou ce raiseau descend jusqu’à la moitié du corps. Il tient de la main droit le bout d’une ceinture, dont la fiancée qui le suit à cheval, couverte d’un voile blanc, tient l’autre bout ; ce voile tombe jusques sur les jambes du cheval. Deux hommes marchent à côté du cheval de la fiancée pour en tenir les rênes. Les parens, les amis, la fleur de la jeunesse, à cheval ou à pied, les accompagnent à l’Eglise au son des instrumens, en procession le cierge à la main et sans confusion. On met pied à terre à la porte de l’Eglise, et les fiancez vont jusqu’aux marches du sanctuaire tenant toujours la ceinture par les bouts. Là ils s’approchent de front, et le Prêtre leur ayant mis la Bible sur la tête, leur demande s’ils veulent bien se prendre pour mari et pour femme ; ils inclinent la tête pour marquer leur consentement. Le Prêtre prononce alors les paroles sacramentelles, il fait la céremonie des anneaux et dit la Messe. On se retire ensuite chez l’épousée, dans le même ordre qu’on étoit venu. Le mari se couche le premier, aprés avoir eté déchaussé par sa femme qui est chargée du soin d’éteindre la chandelle, et qui ne quitte son voile que pour entrer dans le lit. Voilà comment se font